Ancien secrétaire général de la Confédération paysanne, qu’il a quittée en 1999, René Riesel, jugé pour les mêmes « délits » que José Bové, risque de purger dès le mois de décembre 2003 une peine de six mois de prison pour sabotage de cultures transgéniques. Il a refusé toute demande de grâce ou aménagement de peine.
De quelle constellation théorico-pratique la dissidence de René Riesel est-elle issue ? Des luddites, de la Commune de 1871, mais aussi de la révolution hongroise de 1956, de l’Internationale situationniste dont il fera partie avant d’en être exclu par Guy Debord, des « Enragés » de 1968 dont il a été l’un des animateurs majeurs (1). Plus généralement, d’un marxisme révolutionnaire déterminé, celui du Marx théoricien de l’anarchie, partisan de la disparition de l’Etat et qui écrit dans La Guerre civile en France : « La Commune ne fut pas une révolution contre une forme quelconque de pouvoir d’Etat, légitimiste, constitutionnelle, républicaine ou impériale. Elle fut une révolution contre l’Etat comme tel, contre cet avorton monstrueux de la société. »
C’est toute une tradition anti-autoritaire (antitrotskiste, antistalinienne, anti-maoïste) qu’il conviendrait ici d’exhumer, une tradition qui, très tôt déjà, si l’on rappelle la naissance en 1949 d’un groupe révolutionnaire tel que Socialisme ou barbarie, dénonçait la bureaucratisation d’un syndicalisme qu’il jugeait transformé en simple instance de contrôle et de gestion de la contestation (2). A ce syndicalisme de « négociation », « responsable » et « consensuel », il faudrait, d’après Riesel (qui tient à ce mot), opposer une culture du « sabotage » favorable à la multiplication de mouvements sauvages — au sens de grève sauvage quand les divers « appareils » sont pris de court et comme frappés de nullité.
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« Les statues meurent aussi. Nous le savons depuis le film de Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet. Diatribe anticolonialiste sur le pillage des artefacts subsahariens, Les statues meurent aussi (1953) évoque le ravage intime que constitua le fait de détourner ces œuvres de leur fonction initiale pour les inhumer dans les musées français. Le film parlait d’une profanation. Il fut interdit avant d’être présenté, onze ans après sa création, dans une version tronquée par la censure.

Tribune. On pourrait écrire tout un livre au sujet des réactions françaises générées autour du tremblement de terre
De nombreux historiens ont analysé la Commune de Paris comme un soulèvement patriotique trouvant son origine immédiate dans la confiscation des canons de la Garde nationale en mars 1871. Mais les fondements intellectuels de cette insurrection semblent plus anciens : dès 1868, dans les clubs politiques et les réunions populaires de la capitale, des citoyens en appellent à la « République universelle ».