AL Lorient : la stratégie du coucou

A propos du communiqué d’Alternative Libertaire Lorient du 1er février 2019.

En janvier nous dénoncions sur notre page Facebook la venue du confusionniste Chouard à Lorient.  Notre publication a permis de mettre en lumière la tournée de Chouard en Bretagne : pas seulement à Lorient et à Ploërmel, mais aussi à Brest et à Rennes. Nous ne regrettons rien. Il n’y avait rien de mensonger à dénoncer la venue d’un fasciste dans la salle mythique de Lorient et au contraire de vouloir semer la confusion, nous nous interrogions  sur le silence des différentes organisations politiques et syndicales lorientaises.

Que nous soyons cent ou mille, seule ou seul, les idées que nous défendons  ne sauraient se réduire au nombre de militant-e-s.  Elles sont immarcescibles. Et nous n’avons pas à répondre sur ce point dont la teneur  ressemble plus à une police politique d’un Etat policier qu’à un différend sur la stratégie à suivre et les idées politiques à défendre. Quant à la vieille accusation stalinienne de « diviser » le mouvement social lorsque nous ne partageons pas la stratégie à mener ni parfois les mêmes idées, nous répondons simplement que cette « soupe à logos »  ne crée pas l’unité : le nom de la CFDT  aux côtés de ceux de Solidaires ou de la CGT dans le collectif de défense des services publics à Pontivy illustre bien cette confusion entretenue par les militant-e-s.

Mais à défaut d’idées ou d’éclaircissements, nous avons eu droit à un flot d’insultes,  « chasse à l’homme », harcèlement, trollisme,  campisme, et autres joyeusetés qui apparaissent si souvent sur le réseau « social ». Cette fois, cela ne provenait pas de fascistes du clavier mais d’anarchistes ou prétendu-e-s comme tel-le-s.

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Jacques Rancière : « Je n’attends plus rien de cette élection »

Les thèses d’extrême droite ont contaminé l’ensemble de la classe politique, estime le philosophe. Et la logique du barrage ne parviendrait qu’à les renforcer. Dans « les Trente Inglorieuses », il analyse les causes de cette dérive. Entretien.

Jacques Rancière à Paris, le 22/12/2021 © samuel kirszenbaum  / mail@samuelk.net

« Après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, beaucoup crurent au triomphe solide des démocraties. Philosophe influent en France et aux Etats-Unis, Jacques Rancière, lui, a très tôt perçu les failles et les dangers de ce nouvel ordre du monde. Esprit original, ancien élève d’Althusser et militant de la Gauche prolétarienne, il travaille sur l’articulation de l’art, de la politique et la pensée de l’émancipation. Défenseur de « ceux qui ne sont rien », il publie cette semaine « les Trente Inglorieuses », recueil des interventions qu’il a consacrées à la vie politique de 1991 à 2021. De la guerre du Golfe à l’actuelle pandémie, en passant par les « gilets jaunes », il y dissèque nos pulsions inégalitaires et s’élève contre le discrédit jeté sur les luttes sociales et les mouvements d’émancipation.

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Le 5 mars 2022 à Lyon, assiégeons Bayer-Monsanto !!

Le 5 mars 2022 à Lyon, assiégeons  Bayer-Monsanto !!

Au nom du noble but de nourrir la population mondiale, les multinationales du secteur agro-chimique ont détruit, au Nord comme au Sud, l’agriculture vivrière en lui substituant, du laboratoire à l’assiette, un modèle toxique ultra-carboné dont elles tirent profit.
La firme Bayer-Monsanto incarne plus que toute autre ce système. La liste de ses méfaits est longue à dresser : son Agent Orange utilisé contre les populations civiles au Vietnam, les PCB, le Round-Up, les OGM, les semences Terminator, les néonicotinoïdes, le fichage d’opposants, la falsification scientifique, les procès aux agriculteurs, le lobbying agressif et ses divers conflits d’intérêts…
 
Les conséquences de l’activité de cette firme sont désastreuses : pollution des eaux et des sols, cancers, malformations congénitales ou destruction de la biodiversité, disparition, précarisation et dépendance accrue des paysans et paysannes dans le monde entier. Les Monsanto papers ont révélé que c’est en toute connaissance de cause que la firme a contribué ces 50 dernières années à empoisonner les populations.
Quand Bayer-Monsanto et les autres multinationales de l’agrochimie affirment être à la pointe des sciences de la vie, nous ne voyons que la destruction de la vie et le ravage environnemental !
 

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Violences policières à Lorient

 Témoignage. A Lorient, ils racontent «l’impression d’avoir été kidnappés » par la police

Nous relayons ici, un témoignage paru dans le journal Ouest-France 15 octobre 2021. Article écrit par Pierre WADOUX.

Gwladys et Antoine, 24 et 26 ans, ont été interpellés par la police dans la nuit du 8 au 9 août 2021, à Lorient (Morbihan). De façon musclée, selon leur témoignage. Ils ont porté plainte.

Antoine, 26 ans, peine encore à en parler, plusieurs semaines après les faits. « J’ai beaucoup hésité avant de porter plainte et de me confier, glisse le jeune homme. Parce que mon amie et moi étions encore sous le choc de ce qui s’est passé cette nuit-là… »

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«L’Envolée» un journal et une émission de radio pour les détenus

Par delà les murs de la prison, la parole déconfinée

Par Julie Brafman, dessin Aseyn — 
Source : Libération
 

Absence de parloir, d’activités et d’intervenants extérieurs… Depuis le 17 mars, le monde carcéral s’est figé. Face à un isolement sans échappatoire, l’émission de radio «l’Envolée», diffusée sur Fréquence Paris plurielle et destinée aux détenus, est devenue quotidienne.

Par delà les murs de la prison, la parole déconfinée

Depuis près de vingt ans, l’émission débute toujours de la même façon : la chanson rock – Y a du baston dans la taule – qui dépote, puis le bruit d’un hélicoptère, tellement proche qu’on dirait qu’il se pose sur votre épaule. C’est parti pour la grande évasion sur la radio associative Fréquence Paris plurielle (FPP), en région parisienne et sur une dizaine de stations locales. Tous les vendredis à 19 heures tapantes, et pendant une heure et demie, l’Envolée donne la parole aux enfermés, fait résonner les mots de derrière les barreaux jusqu’au micro. A l’antenne, une «bande de copains», comme ils se décrivent, de sensibilité libertaire et farouchement anticarcérale – ils ne ménagent pas Nicole Belloubet, baptisée «la ministre des tribunaux et des prisons» -, lit des témoignages de détenus et de leurs proches, retransmet les appels, parfois grésillants, passés en loucedé depuis les cellules. «L’Envolée, c’est une remise en cause radicale du traitement de la parole des prisonniers par le reste du monde. C’est prendre le contre-pied soit de l’absence de discours, soit de la censure, explique Pierre, 40 ans, l’un des plus anciens du collectif. Nous sommes des porte-voix.»

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Antonin Bernanos, assigné à résistance

ENCORE MARQUÉ PAR LA MORT DE SON AMI CLÉMENT MÉRIC, LE MILITANT ANTIFA ENCHAÎNE LES DÉBOIRES JUDICIAIRES.

Par Quentin Girard, photo Samuel Kirszenbaum pour Libération — 21 octobre 2020
Source : Libération
Sous le crachin et la grisaille, à une terrasse de café près de la gare Montparnasse, le militant antifa Antonin Bernanos regarde droit devant lui, concentré. Il allume une cigarette, ses lèvres tremblent et déforment un peu son beau visage qui fait tomber en pâmoison le photographe. Il a froid, et c’est normal : l’automne et son cortège de nouvelles déprimantes portées par le vent mauvais du coronavirus nous enveloppent, nous compressent et nous craquellent.
 
Ce portrait a failli ne jamais être écrit. Antonin Bernanos avait dit oui à une rencontre, puis non, puis oui à nouveau. Lassitude des médias, peur de ne pas contrôler sa parole, crainte d’une phrase mal tournée qui ferait trop plaisir à ses contempteurs ou qui entraverait le calendrier judiciaire, volonté (classique) de ne pas individualiser une lutte collective, les raisons de refuser étaient nombreuses. Mais les juges ont décidé du huis-clos pour les prochaines audiences, il a eu l’impression qu’il ne serait jamais écouté, alors, perdu pour perdu, autant parler.
 

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