Violences policières à Lorient

 Témoignage. A Lorient, ils racontent «l’impression d’avoir été kidnappés » par la police

Nous relayons ici, un témoignage paru dans le journal Ouest-France 15 octobre 2021. Article écrit par Pierre WADOUX.

Gwladys et Antoine, 24 et 26 ans, ont été interpellés par la police dans la nuit du 8 au 9 août 2021, à Lorient (Morbihan). De façon musclée, selon leur témoignage. Ils ont porté plainte.

Antoine, 26 ans, peine encore à en parler, plusieurs semaines après les faits. « J’ai beaucoup hésité avant de porter plainte et de me confier, glisse le jeune homme. Parce que mon amie et moi étions encore sous le choc de ce qui s’est passé cette nuit-là… »

« Une voiture s’est arrêtée à notre niveau »

Cette nuit est celle du 8 août 2021. Les deux amis ont passé la soirée au Festival interceltique de Lorient (Morbihan) et reviennent du centre-ville. « Nous avions trop bu c’est vrai, nous avons décidé de rentrer chez nous à pied. »

Alors que les deux amis se trouvent au niveau d’un rond-point à l’entrée du quartier du Bois-du-Château, la situation évolue. « Il était environ 3 h, la rue n’était pas éclairée, raconte Antoine. Une voiture s’est arrêtée à notre niveau. Gwladys et moi avons pensé que nous allions être agressés. Nous ne savions pas qu’il s’agissait de policiers de la brigade anticriminalité dans une voiture banalisée. »

« J’étais paralysé par la peur »

Dès lors tout s’enchaîne. « J’étais paralysé par la peur. Mon amie s’est enfuie. Je me suis retrouvé maintenu à terre. Le genou d’un policier dans le dos. J’ai été menotté, puis on m’a précipité à l’arrière de la voiture. Mon amie a vu la scène et est revenue pour demander aux policiers pourquoi j’étais traité ainsi. Elle aussi a été embarquée… »

 

« Ils conduisaient très vite, se souvient Antoine. L’un des policiers a prononcé des propos homophobes à mon encontre. En état de choc, nous ne voulions pas répondre. Pour nous, c’était de la provocation. »

Au commissariat de police de Lorient

La suite se déroule dans l’enceinte du commissariat de police de Lorient. « On s’attendait à être interrogés. On pensait qu’ils se trompaient de personnes. Mais on nous a conduits dans une cellule, un endroit très sale. J’ai fait une crise d’angoisse. Nous y sommes restés sept heures… »

Durant ces longues heures, Gwladys et Antoine assurent ne pas avoir pu contacter leurs proches. « Nous avions la sensation d’avoir été kidnappés. Puis, Gwladys a été mise à part dans une pièce. Elle y a été giflée, a été balancée contre un mur, a reçu un coup de genou dans le ventre, a été prise à la gorge. »

Enquête de gendarmerie en cours

 

Les deux amis sont relâchés le 9 août, peu avant 10 h. Ils porteront plainte plusieurs jours après les faits auprès de la brigade de gendarmerie de Pont-Scorff. Une enquête est en cours. « Elle a été confiée, confirme le Parquet de Lorient, aux services de gendarmerie. »

 

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France Culture,

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